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Comme le disait avec justesse notre nouveau président à Berlin à propos du dumping « il ne faut pas être trop naïf, non plus… »

Alors, la main tendue, soit. Mais comment et de laquelle parlons-nous ?

Celle qui s’offre, tellement énergétique et séduisante, jusqu’à ce que sa prise soit assurée ?

Celle aux genoux du nouveau maître, qui dans un même mouvement quémande et offre ses services ?

Je suis de ceux qui, quoiqu’emplis de bonne volonté ne le sont pourtant pas au point d’être aveugles des mouvements stratégiques. Cette main, je ne la baiserai pas servilement, et j’aimerai beaucoup que nous soyons nombreux à ne pas céder aux sirènes d’une collaboration sans conditions.

Est-ce à dire qu’après avoir voté pour lui, je me dédis ?

Non, évidemment.

Mais si je ne remets pas plus en cause sa légitimité sur le siège présidentiel que celle de Chirac en son temps, je sais en revanche que j’ai surtout voté contre un populisme suicidaire et infantile… et pour un projet économiquement viable.

Je me disais, pendant l’entre deux tours, que Macron aurait  la première tâche fort épineuse de choisir un premier ministre, selon ce qu’il voulait faire passer, selon les alliances qui lui seraient le plus nécessaires, selon les plus dangereux, selon ceux débauchables et ceux irrémédiablement insoumis….

Ma conclusion sommaire étant :

à gauche, c’est plié ils sont soit en déroute, soit Phi.

À l’extrême droite : il faudra faire aussi sans.

Au centre gauche : ils sont déjà en marche

Au centre droit : pareil, mais pas tous

À droite : laminée par les affaires, compte se refaire aux législatives.  Certains par revanche (perdus pour la cause Macron), d’autre par conviction, et crainte des dérives sociétales « progressistes » de son gouvernement à venir.

Conclusion : opter pour un juppéiste, voire une juppette, ayant une expérience assez significative dans la sphère politique ET civile, mais pas trop usé non plus : tout le centre droit se fera un plaisir de rejoindre le navire pour se remettre à flot.

Le truc compliqué restant, on le sait tous, la droite « dure », la droite LR, et ses craintes d’un autre âge.

Et c’est là, là, qu’une fois encore et comme tout général estampillé bon par Bonaparte, il faut de la chance et qu’il en a : il y a en France l’homme idéal pour le poste : Monsieur Philippe.

Quoi ? Edouard Philippe ? Mais c’est un centriste à incartades, pas de danger qu’on se méprenne, on va juste compter les « vrais » de droite, et serrer les rangs…

Oui, mais.

Mais on sait bien que toutes les mesures économiques de Monsieur Macron, quoique différant de celles défendues par la droite, en sont tout de même pour grande partie proches, et salutaires pour la France. Que pour qu’elles s’appliquent – et compte tenu des extrêmes gauche et droite sur lesquels on ne peut compter que pour empêcher de leur pire – un président a la vie plus facile s’il a une majorité à l’assemblée…

Donc, peut-être que nous ( je suis de droite, sans extrême et sans complexe non plus) pourrions mettre nos convictions en sourdine, et lui offrir cette majorité simplifiante ?

Et puis, après renseignement pris sur le fait que c’est a priori un bon mec efficace, le nouveau premier ministre n’a pas (et c’est là qu’on admire le machiavélisme des détails) voté la loi Taubira. : ça hérisse la gauche et beaucoup d’associations, mais ce ne sont plus eux les électeurs à séduire, c’est du passé. Eux, ils sont les œufs qui ont fait l’omelette. Leur rôle est terminé. Pas celui des électeurs de droite.

Et si nous voilà, par la grâce de ce grand garçon, rassurés sur le fait que Monsieur Macron ne se lancera pas dans de grandes « avancées sociétales », alors pourquoi n’être pas grands princes et lui donner ce blanc-seing pour lequel il se donne tant de mal….

Et c’est exactement là que je me souviens que le président est loin d’être un idiot, qu’il n’ignore pas plus que moi qu’une chambre élue l’est pour un temps normalement défini,  alors qu’un premier ministre, ça se change………. Au gré de ….. (un tas de choses, y compris « mission accomplie »)

Alors, moi, je vais voter, comme une (presque sage) avertie, pour ma famille politique, dont je sais par ailleurs qu’elle aura – et d’ailleurs Monsieur Baroin l’a clairement dit – l’intelligence de soutenir les réformes nécessaires, mais qui saura également veiller à ce qu’on ne nous la fasse pas à l’envers.

Parce qu’on discute mieux avec le patron quand on est un partenaire fort plutôt qu’un conquis/séduit/salarié.

Et oui, c’est la dure réalité de l’entreprise, et de la politique aussi.

En conclusion : on peut donner à notre président les moyens de faire sa politique quand elle est bonne, mais pour en juger, il faut ne rien lui devoir : voter donc selon ses convictions, toutes ses convictions, sans quoi la manœuvre habile de M.Macron aura réussi : la droite ne sera plus q’un sous-fifre comme les autres, au lieu d’être cette grande force de dialogue raisonné qu’elle a vocation à être pour ces cinq prochaines années.

PS : sans compte que le PS n’est peut-être pas si moribond, et pourrait bien, justement au vu de ce premier ministre, se refaire une santé certes bancale, mais d’opposition… cependant que nous la droite, ne serions plus “représentés” que par l’extrême-droite…

Ca vous fait envie, de vous faire une fois de plus kidnapper votre voix?